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Rencontre avec Sophie Forte au Théâtre des Muses de Monaco

  • Laurence Ray
  • 14 oct.
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 4 jours

Sophie Forte connaît bien le Théâtre des Muses. Au fil des années, elle a tissé un lien très fort avec ce théâtre de Monaco, dirigé avec passion par Anthéa Sogno. Elle y est souvent venue. La première fois, c'était il y a treize ans, lors de la première saison du théâtre. Plus récemment, dans Quand Françoise paraît, elle interprétait Françoise Dolto, un rôle qui a marqué les esprits et dont le public lui parle encore souvent. Le week-end dernier, Sophie Forte était cette fois seule sur la scène du Théâtre des Muses pour nous présenter sa Valise et les membres de sa famille, sa tante, son oncle, ses grands-mères, mais surtout son père, un taxi devenu un artiste peintre reconnu dans le monde entier, grâce aux encouragements et à la ténacité de sa mère qui a toujours cru en lui : des personnages attachants et drôles auxquels elle redonne vie sur scène.


Comme nous ne doutions pas un instant du fait que Sophie Forte est quelqu'un de bienveillant et ouvert d'esprit, nous l'avons contactée un peu au dernier moment, c'est-à-dire la veille pour le lendemain, pour lui proposer une interview. Il suffit de prononcer son nom pour se souvenir de son rire contagieux et de ses chroniques dans sa baignoire dans Frou-frou, la célèbre émission de Christine Bravo ou encore dans Rien à cirer de Laurent Ruquier. Nous avons convenu de nous retrouver au théâtre, avant la dernière représentation, dimanche après-midi. Comme il faisait un temps estival, Sophie a profité de son moment de libre pour aller se baigner au Larvotto. C'est donc les cheveux mouillés et en robe de plage qu'elle est arrivée, moins d'une heure avant la représentation, riant de ce retard inattendu. Elle nous a alors invitée à la suivre dans sa loge et, tout en se maquillant pour monter sur scène, elle a répondu à nos questions, disponible et souriante, comme à son habitude.


Sophie Forte La Valise Théâtre des Muses Monaco

La valise, un roman avant d'être un spectacle

Au départ, La Valise était un roman. Pourquoi avez-vous eu envie d'en faire un spectacle ?

Sophie Forte : C'est un peu le fruit d'un hasard. J'étais dans un salon du livre à Villers-sur-Mer et la directrice du salon, qui avait lu mon livre, m'a dit qu'il fallait absolument en faire une pièce. Je lui ai répondu que je n'avais pas le temps. Elle m'a alors dit que je n'avais pas le temps parce que je n'avais pas d'échéance mais que si c'était le cas, je jouerais. Quelques jours après, elle m'a rappelé pour me dire que j'allais jouer quinze jours après à Touques. Moi, j'étais certaine que ce ne serait pas possible parce que le délai était trop court. Elle m'a proposé de faire une lecture. C'est comme ça que j'ai fait ma première Valise sur scène. Ca s'est tellement bien passé qu'un ami travaillant au lycée français de San Francisco a pu m'avoir un sponsoring là-bas. Je suis donc allée monter la pièce à San Francisco. Et puis après, j'ai trouvé une production. J'ai fait deux festivals d'Avignon déjà avec La Valise, et j'ai aussi aussi joué à Paris.


Virginie Lemoine à la mise en scène

C'est Virginie Lemoine, que vous connaissez bien, qui assure la mise en scène...

Sophie Forte : Au départ, quand j'étais à San Francisco, c'était Frédéric Patto mais après on a changé pas mal de choses, parce qu'il y avait beaucoup de vidéos qui ne me plaisaient pas du tout et donc finalement, c'est Virginie Lemoine qui a pris le relais. On se connaît depuis très longtemps avec Virginie. On avait déjà monté une pièce ensemble, Chagrin pour soi. On s'entend très bien dans le boulot, et elle a un peu repris la mise en scène, de façon à ce qu'on n'ait plus toutes ces contraintes qui faisaient que la valise était quelque chose d'assez lourd, sans faire de métaphore. Les projections vidéo, les bruitages sont des choses qui m'encombraient beaucoup alors que là, j'ai une vraie liberté sur scène qui est vraiment très précieuse.


On ne vous avait pas vue seule sur scène depuis plus de vingt ans...

Sophie Forte : 28 ans exactement ! Je ne voulais plus être en scène seule, parce que j'étais humoriste, ce qui implique de faire des sketches, faire rire les gens à tout prix. C'est ça dont j'avais vraiment marre parce que j'avais envie de faire passer d'autres émotions, de montrer autre chose et le gag, à tout prix, m'ennuyait profondément. J'ai donc arrêté ce métier d'humoriste, volontairement, pour me mettre à faire beaucoup de chansons. J'ai fait 8 albums, beaucoup de théâtre et j'ai aussi élevé trois enfants ! J'ai mis de côté le côté humoriste, pas humoristique, parce que mes pièces ont toujours été toujours des pièces avec de l'humour, mais la contrainte du sketch et du gag, j'en avais marre. J'ai réussi à m'en libérer. J'en avais vraiment besoin et je n'arrivais pas à trouver cette autre dimension avec le seule en scène. La Valise, c'est une histoire personnelle, mais aussi, c'est une histoire. Donc, en fait, quand les gens viennent voir La Valise, c'est comme s'ils suivaient une pièce de théâtre. Ils ne viennent pas juste pour écouter des gags. Et, moi je m'amuse beaucoup !


Etes-vous d'avis que les seuls-en-scène ont changé depuis vos début ?

Sophie Forte : Aujourd'hui, c'est le stand-up qui prend le dessus. Ce n'est plus du tout ce que je faisais à l'époque. Moi, j'incarnais des personnages, je faisais des sketches. Tout ça, ça a quasiment disparu. Aujourd'hui, on est en scène et on parle. Ceux qui sont de la vieille école continuent à incarner des personnages mais les jeunes générations, elles, sont dans le stand-up. Et moi, ça, ce n'est pas mon truc.


La valise, une histoire familiale

Dans La Valise, vous racontez votre histoire familiale, vous parlez de vos parents, de votre tante, de votre oncle. Le public rit mais il est aussi touché...

Sophie Forte : C'est une vraie histoire de famille. Au début, je me disais : « mais t'es folle d'aller raconter l'histoire de ta famille à des gens qui s'en foutent complètement ! ». Quelle est la légitimité pour faire ça ? C'est quand même une démarche particulière. Puis après, je me suis rendue compte qu'en fait, ça parlait beaucoup à tout le monde. Il y avait des souvenirs qui resurgissaient. Aussi, ça donnait envie à des gens d'écrire sur leur propre famille, ce qu'on devrait d'ailleurs tous faire pour nos enfants. C'est génial de laisser des traces des gens qu'on a aimés.

Moi, je parle bien des choses que je connais. Pendant longtemps, à Rien à cirer, on a beaucoup parlé de politique mais ça nous demandait, évidemment, d'être au de suivre l'actualité, de pouvoir avoir un avis. C'était assez compliqué ; c'est un travail énorme. Moi, là, je parle de choses que j'ai intimement connues, puisque j'ai forcément vécu avec tous ces gens que j'ai beaucoup aimés et qui ont été des boosters, des modèles pour me permettre d'avoir le droit d'être artiste. C'est important d'avoir des parents qui ont eu assez de folie et d'originalité et de talent aussi pour être artiste et ouvrir la voie du possible. Ce qui est aussi intéressant dans l'histoire, c'est qu'on transmet le possible, on ne transmet pas forcément le talent, mais on transmet l'idée du possible. Mes parents ont vécu de leur don, de leur travail et ils m'ont laissé la possibilité d'en faire autant. Quand je leur ai dit que je voulais être comédienne, ils ont complètement respecté mon choix et ils m'ont aidée énormément aussi. Et ça, ça a été une chance énorme pour moi. Ce n'est pas sûr que j'aurais fait cette carrière si mes parents ne m'avaient pas aidée.


L'aventure de La Valise est loin d'être terminée alors...

Sophie Forte : C'est une pièce qui peut durer des années. Elle est complètement intemporelle. Tant que je tiens debout, je pourrai la jouer. Je ne m'en lasserai jamais. Chaque fois que je la joue, pour moi, c'est un cadeau !


A peine l'interview terminée et fin prête pour monter sur scène, Sophie Forte est vite partie rejoindre la salle du Théâtre des Muses pour accueillir les spectateurs elle-même, en toute décontraction, avant de leur raconter l'histoire de sa Valise et des membres de sa famille qu'elle incarne tellement bien qu'ils semblent être là, à ses côtés sur scène. C'est d'ailleurs ce que lui diront les spectateurs restés après le spectacle pour partager avec elle une coupe de champagne, comme le veut la coutume de ce théâtre chaleureux et décidément pas comme les autres.


La Valise Sophie Forte Théâtre des Muses affiche


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