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La bonne étoile : interview de Pascal Elbé et Zabou Breitman

  • Laurence Ray
  • il y a 6 jours
  • 4 min de lecture

Non seulement Pascal Elbé est un très bon acteur mais il est aussi un réalisateur plein de talent. Et ce n'est pas La bonne étoile, qui va nous contredire. Pour son dernier film, un conte à la fois touchant et drôle, il a endossé plusieurs casquettes puisqu'il est à la fois scénariste, réalisateur et acteur. Il avait depuis longtemps en tête l'histoire de cet homme, pendant la Seconde Guerre Mondiale, lâche et déserteur, qui décide de se faire passer pour un juif, persuadé que sa vie serait meilleure en zone libre. Il part avec sa femme et son enfant, munis de faux papiers attestant qu'ils sont juifs. C'est alors le début d'un périple, parsemé de péripéties et de rencontres. Sur son chemin, il croisera notamment La Baronne, qui les accueillera dans son château. C'est Zabou Breitman qui interprète cette cheffe de la Résistance au grand cœur. Elle était aux côtés de Pascal Elbé pour présenter le film en avant-première lors du festival Cinéroman qui s'est tenu le mois dernier à Nice.


Quel a été le point de départ de ce film ?

Pascal Elbé : J'ai toujours aimé cette époque. Je la trouve formidable pour un scénariste, parce qu'elle permet de pousser les curseurs. C'est un laboratoire de l'humain génial. J'adore les films tels que La traversée de Paris, La vie est belle, To be or not to be. J'ai écrit le film il y a quatre ans mais évidemment vu le projet et l'histoire, on m'a parfois dit :  « est-ce que tu es sûr de vouloir raconter ça ? » J'ai bien vu que je m'étais embarqué dans une immense machine....


Benoit Poelvoorde Zabou Breiman Pascal Elbé La bonne étoile Cinéroman

Pensez-vous que vous avez été influencé par ces films ou par des personnages du cinéma ou de la littérature qui vous ont marqués ?

Pascal Elbé : On est toujours influencés. On est toujours en train de reproduire ce qui nous a émus. D'ailleurs, je me suis rendu compte que ce que je sais faire sur un plateau, quand je tourne un film, vient de mes premiers pas au théâtre, de ma gestion du plateau, de ce que j'ai vu en répétition, de comment on m'a demandé d'être dans cette mécanique-là. Et en fait, je me suis rendu compte que ce théâtre que je pensais être derrière moi revient tellement à moi aujourd'hui. Mon rêve, ce serait de retrouver le théâtre.


Le film aborde un sujet grave mais la comédie n'est jamais loin. Comment êtes-vous parvenu à trouver le bon équilibre entre les deux ?

Pascal Elbé : C'est comme une partition musicale. Le rire est souvent libérateur. Au festival d'Angoulême, le film a été projeté dans plusieurs salles. Dans certaines, à la fin de la projection, les spectateurs étaient plutôt dans les larmes. Et dans d'autres salles, ils riaient, comme soulagés. Quand on traverse un peu la France pour présenter son travail et qu'on entend des gens qui ont du mal à joindre les deux bouts, leur raconter une histoire qui les fasse un peu respirer, c'est une bonne chose. Et puis ,il faut essayer de penser aussi à la transmission. Pour moi, la plus belle des transmissions quand j'étais petit, c'était quand j'allais voir Guignol et que je comprenais que le méchant n'était pas forcément celui sur qui on tapait. Quand on me dit de me taire parce ce qu'on est en train de raconter est sérieux, je n'ai déjà plus envie d'écouter. Moi, je suis comme les enfants. Parfois, quand je suis entré dans des histoires et que j'ai été ému, c'est parce qu'on a su me rattraper.


Quand vous avez écrit ce film, avez-vous pensé tout de suite aux comédiens auxquels vous alliez faire appel ?

Pascal Elbé : Non, je ne pense jamais aux comédiens. Comme un lecteur, je me fais un univers dans ma tête. Je ne pense jamais à un acteur en particulier. En revanche, par exemple, pour le personnage de Zabou, c'est vrai qu'au départ, j'avais en tête un couple qui se serait appelé Le Baron et Madeleine. Et puis après, plus j'avançais, plus je me disais qu'il fallait que la cheffe de la Résistance française soit une femme, qui agirait en sous-marin. J'ai beaucoup lu et j'ai pensé à des femmes comme Lucie Aubrac, Germaine Tillion. J'ai scindé le rôle en deux et il a eu alors une vraie identité avec une vraie force.

Bande annonce du film "La bonne étoile"

Zabou, c'est vous qui interprétez La Baronne...

Zabou Breitman :Le scénario est incroyable. L'idée est folle. C'est même étonnant que personne ne l'ait eue avant ! J'ai lu très vite le scénario et j'ai appelé tout de suite Pascal. Je le connais très bien. J'ai vu ses films, j'ai travaillé déjà une fois avec lui comme réalisateur. C'est un grand directeur d'acteurs. En France, on a souvent tendance à oublier qu'un réalisateur, c'est aussi un directeur d'acteurs. Ce qui est beau chez Pascal, c'est l'humanité qu'il met dans ses personnages. Le subterfuge qu'il y a dans le film n'est qu'un alibi pour raconter l'humanité.


Le personnage de Jean Chevalin, interprété par Benoît Poelvoorde est assez étonnant en effet...

Pascal Elbé : Il est lâche et égoïste au début et même assez détestable. A travers ce personnage, je m'interroge sur ce que j'aurais été pendant la guerre. Sans le juger, je me dis, est-ce qu'il est ignorant ? Il reproduit des choses qu'il a déjà entendues. Puis,peu à peu, il va s'affranchir de ces stéréotypes et de cette ignorance.


La bonne étoile de Pascal Elbé avec Benoît Poelvoorde, Zabou Breitman, Audrey Lamy...au cinéma le 12 novembre.



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