Je rouille de Robin Watine
- Laurence Ray
- 21 sept.
- 2 min de lecture
Je rouille, le premier roman de Robin Watine (éditions Calmann-Lévy), est l'une très bonnes surprises de cette riche rentrée littéraire. Dans une langue nerveuse, il s'empare brillamment d'un thème souvent abordé en littérature en faisant le portrait d'un adolescent sensible, qui se perd dans ses incertitudes.

Le narrateur de ce roman à la première personne se prénomme Noé. Il vit dans une station balnéaire du sud de la France, calme l'hiver et forcément bondée de touristes et surtout de jolies filles l'été. C'est pendant cette période si propice aux rencontres que se déroule le roman. Quand il n'aide pas son père au restaurant, Noé retrouve ses copains et surtout Léna, son amour de vacance(s). Ce mot pourrait aussi bien être employé au singulier qu'au pluriel car la jeune fille a déjà un petit copain à Paris. Avec ses copines qu'elle héberge dans la maison de vacances de ses parents, elle a bien l'intention de s'amuser. Noé occupe donc une place laissée vacante pendant l'été. Même s'il en a conscience, il ne peut s'empêcher d'éprouver des sentiments pour Léna. Il se pose beaucoup de questions face à cette jeune fille cultivée, riche, sûre d'elle qui virevolte volontiers d'un garçon à un autre. Contrairement à elle à qui tout semble réussir, il « rouille » dans cette ville et dans sa vie. A l'image de tous les adolescents pas encore tout à fait adultes, il a du mal à trouver sa place. Comme il manque de confiance, il doute souvent et n'a jamais l'impression d'être à la hauteur, ce qui donne lieu à des monologues intérieurs très réussis. « Je suis jamais qu'un mec qui essaye d'en être un autre, et même plein d'autres à la fois. Qui fait tellement tout pour se fondre dans le décor qu'on le distinguera bientôt plus des rochers et des pins parasols. » Pas tendre avec lui-même, c'est ainsi que se définit Noé. C'est sans doute aussi pour cela que, même dans les mauvaises décisions, il suit son groupe d'amis mené par Lionel, un garçon aux idées bien arrêtées, nerveux, qu'il est difficile de contrarier. Aussi, quand il tente de s'affirmer face à lui et, par conséquent, de sortir de ce décor dans lequel il se fond habituellement, il déclenche sa colère. Dans cette scène, comme lors du départ de Léna, il hésite entre montrer ses sentiments et cacher ses émotions. S'il pleure, c'est quand il est seul et qu'on ne le voit pas. S'il dit à Léna qu'il l'aime, c'est pour aussitôt se montrer distant et peu concerné. De chacune des pages de ce premier roman très réussi émanent les incertitudes et les questionnements propres à l'adolescence. Les dernières pages sont d'une beauté empreinte à la fois de mélancolie et d'espoir, comme peut l'être la fin d'un été et le début d'une nouvelle étape dans la vie.
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