Enfanter une étoile qui danse de Amélie Vrla
- Laurence Ray
- il y a 2 jours
- 3 min de lecture
Autrice, scénariste et traductrice, Amélie Vrla vient de publier son premier roman aux éditions L'Harmattan. Elle l'a intitulé « Enfanter une étoile qui danse », une jolie phrase extraite d'Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche. On comprend dès le titre qu'il sera question de maternité. Un sujet qui la touche et la concerne particulièrement. Son héroïne s'appelle Mélodie. Amélie, Mélodie, les deux prénoms se ressemblent.
Dans ce roman protéiforme découpé en six parties et écrit à la première personne, Amélie Vrla brouille à peine les pistes. Elle entremêle les genres pour parvenir au mieux à exprimer son histoire ou plutôt celle de Mélodie : autofiction, roman autobiographique, journal intime, poésie, échanges épistolaires.
Dans la première partie, intitulée «Le bateau », on découvre Mélodie, entouré de ses amies et de son mari Elias. Ce premier chapitre résume à lui seul la personnalité de cette femme de 37 ans. L'amour et l'amitié sont ses piliers. C'est par amour pour Elias qu'elle a quitté Genève pour Berlin. Elle aime sa vie, entourée d'ami(e)s fidèles sur qui elle peut compter et à qui elle peut tout confier. Le livre commence en juillet 2021. C'est l'été ; il fait chaud et Mélodie est sur un bateau, sur un lac, avec ses amis et Elias. Soudain, elle est prise d'une sensation étrange, comme si elle était parmi eux, sans plus vraiment y être. Elle comprendra plus tard qu'elle a vécu une expérience de mort imminente.
Deux semaines plus tard, elle apprend qu'elle est enceinte. Cette EMI était-elle annonciatrice de sa grossesse ? Mélodie voit sa vie chamboulée. A-t-elle vraiment envie d'avoir un enfant ? Alors que d'autres se réjouiraient, elle doute et, ce, depuis toujours. « Avoir un enfant, l'accueillir dans mes bras, dans ma vie, ce serait changer de planète […] mais ce serait aussi renoncer à aller au bout de la vie que j'avais choisie, sans ambivalence aucune, toutes ces années ». Dans ce passage, Amélie Vrla décrit avec beaucoup de justesse les questionnements de son héroïne et de nombreuses femmes. Vouloir être mère, cela ne va pas de soi pour toutes les femmes.
Mélodie hésite, fait part de ses doutes et de ses questions à ses amis qui jamais ne la jugent ni cherchent à l'influencer dans un sens ou dans un autre. Elias, son conjoint, l'accompagne dans sa décision. Ce qui est beau dans ce roman, c'est que chaque page est empreinte de tendresse et d'amour. Dans le chaos de sa vie, Mélodie est entourée et réconfortée. Alors qu'elle prend la décision d'avorter, elle renonce à aller au rendez-vous fixé par le médecin : elle va garder cet enfant, elle le veut. Elle annonce à son père et à sa mère qu'ils vont être grands-parents. L'idée de devenir mère grandit peu à peu en elle. Elle s'attache à cet enfant à venir, lui parle même. Mais un jour, elle a l'impression que son ventre n'est pas comme d'habitude...
Le livre s'achève en octobre 2021 : pendant ces quelques mois, chez Amélie, la vie et la mort se sont côtoyées, ont coexisté dans son corps. Dans l'épilogue, Mélodie/Amélie s'approprie la phrase de Nietzsche, en la mettant à la première personne : « Il m'a fallu porter tout ce chaos en moi pour pouvoir enfanter mon étoile qui danse ». Une phrase poétique et philosophique mais qui décrit bien la réalité de la vie de Mélodie. A la fin, elle est apaisée et, étrangement, en refermant le livre, le lecteur se sent lui aussi serein.





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