Le public de la Côte d’Azur a eu le privilège d’assister à la projection en avant-première de « Brûle le sang », premier long-métrage du réalisateur Akaki Popkhadze, en salles le 22 janvier. Ce film, à la fois intense et audacieux a été tourné presque entièrement à Nice et dans ses environs et a été produit par une société locale, Adastra Films, basée à Cannes.

.Pour Akaki Popkhadze, d’origine géorgienne et installé à Nice depuis 2004, tourner sur la Côte d’Azur relevait d’une évidence. Après avoir étudié à l’ESRA Côte d’Azur et réalisé plusieurs courts-métrages, il s’est entouré de Florent Hill, rencontré à Nice dans des cours de judo, pour coécrire le scénario. Ce dernier interprète également l’un des rôles principaux, un jeune homme déterminé à devenir prêtre orthodoxe. Mais son parcours prend un tournant tragique lorsque l’assassinat de son père et le retour inattendu de son frère aîné (interprété par Nicolas Duvauchelle) viennent bouleverser l’équilibre fragile de sa vie.
Le film a le mérite de s’éloigner des représentations habituelles de la région. Akaki Popkhadze choisit de délaisser les clichés de la Promenade des Anglais pour explorer les quartiers populaires, méconnus des visiteurs. Sous un soleil éclatant, il dévoile une réalité plus sombre, où se mêlent rivalités familiales, affrontements criminels et désirs de vengeance. La lumière, omniprésente, devient presque un contraste ironique face aux drames qui se jouent en coulisses.
« Brûle le sang » s’impose comme un film noir captivant, porté par une tension palpable et une intensité dramatique qui tient le spectateur en haleine du début à la fin.
Le réalisateur Akaki Popkhadze est venu à la rencontre du public et de la presse lors de l'avant-première niçoise.
Comment vous est venue l'idée de « Brûle le sang » ?
Akaki Popkhadze : C’est un peu la combinaison de plusieurs choses. Déjà, j’avais la très grande envie de faire un long-métrage. Puis, pour l’histoire, on est partis d’une vraie histoire d’un assassinat raté. Des hommes de main ont assassiné un monsieur qui n’avait rien à voir avec leurs histoires. Il passait juste au même moment et au même endroit que la personne ciblée. À ça, on a lié l’histoire de deux frères. Il y avait aussi mon vécu avec mon frère et ma mère. Par exemple, dans le film, la mère est prof de piano comme ma mère. J’ai un petit frère. Les deux frères, dans le film, font du judo. On a puisé dans la réalité et dans mon vécu, puis on a construit la fiction autour de tout ça.
Pourquoi était-ce si important pour vous que l’action du film se passe à Nice ?
Akaki Popkhadze : Nice est une ville que je porte dans mon cœur depuis vingt ans. J’y ai grandi et j’y ai fait mes études, à l’université et à l’ESRA. C’était important que Nice soit représentée à hauteur d’homme, de manière différente, pas comme on la voit habituellement au cinéma. Je voulais que les spectateurs se sentent vraiment à côté des personnages et qu’ils puissent marcher dans la ville avec eux.
Pour que les spectateurs se sentent proches des personnages, comment vous-y êtes-vous pris techniquement ?
Akaki Popkhadze : On a filmé en très courte focale. Les plans sont souvent longs, filmés avec une caméra portée à la main. Il n’y a jamais de plans fixes. On voulait cette proximité physique avec les comédiens. Quand ils se parlaient, on était à vingt centimètres de leurs visages. C’est très immersif pour le spectateur. On a voulu créer un mouvement perpétuel et un sentiment de vertige.
Adastra Films, la société de production du film est cannoise. Vous avez fait appel à des figurants niçois…
Akaki Popkhadze : L’équipe technique est presque exclusivement locale. Beaucoup viennent aussi de l’ESRA. On est très contents et très fiers. La musique a été composée par un Niçois, Guillaume Ferran. On a réussi à avoir des décors inédits qu’on n’aurait sûrement pas eus si on avait été étrangers à la région.
Vous ne montrez pas les quartiers les plus touristiques de Nice dans le film…
Akaki Popkhadze : Quelques scènes se déroulent dans des quartiers populaires de la ville. Quand je suis arrivé à Nice, j’ai vécu dans ces quartiers-là. Il y a encore beaucoup de personnes que je porte dans mon cœur dans ces quartiers. J’avais envie de représenter l’envers de la carte postale de la Côte d’Azur. À Nice, il n’y a pas que les palmiers, il y a aussi une vie difficile, du prolétariat.
Pour votre premier long-métrage, vous avez réuni des acteurs de talent, très connus : Denis Lavant, Nicolas Duvauchelle, Finnegan Oldfield…
Akaki Popkhadze : Pour moi, Denis Lavant représente un peu la boucle qui se referme. Quand j’étais en école de cinéma, j’ai étudié des scènes de films de Léos Carax avec lui. Il est le premier à avoir accepté de jouer dans le film. C’était très réjouissant pour moi. Ça nous a bien solidifié le projet. On voulait des « gueules » dans le film et Denis Lavant est une très belle gueule de cinéma ! Je suis fier que pour un premier long-métrage, il y ait un casting d’aussi grande qualité.
En voyant votre film, on ne peut s'empêcher de penser à James Gray. Est-il une référence pour vous ?
Akaki Popkhadze : Pendant l’écriture, on pensait beaucoup à James Gray, notamment à Little Odessa. Il était question de la famille, de l’exil, de l’idée de communauté. Quand on réalise des films, on s’identifie forcément à nos pairs. On copie, on essaie de faire différemment et parfois on fait mieux.
Le film est construit autour de trois thèmes principaux : la violence, la famille, la religion…
Akaki Popkhadze : On a construit le film autour de ces trois thématiques qu’on a imposées à trois personnages. La mère représente la famille, le grand frère la violence et le petit frère la religion. Ces trois thématiques se rencontrent, s’éloignent et créent parfois des étincelles. C’était important que dans chaque plan, il y ait l’une de ces thématiques ou même les trois.
Brûle le sang de Akaki Popkhadze avec Nicolas Duvauchelle, Florent Hill, Denis Lavant, Finnegan Oldfield… au cinéma le 22 janvier.
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