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A bicyclette ! au cinéma : interview de Mathias Mlekuz et Philippe Rebbot

Laurence Ray

Dernière mise à jour : 24 févr.

A bicyclette !, le coup de cœur de la dernière édition du festival Cinéroman, sort mercredi au cinéma. Bien plus qu'un film, c'est l'histoire vraie du réalisateur Mathias Mlekuz, et de son ami, l'acteur Philippe Rebbot, qui ont entrepris un voyage en vélo depuis la France jusqu'à la Turquie, sur les traces de Youri, le fils de Mathias Mlekuz, disparu quelques mois auparavant. Munis de son carnet de voyages et de photos, les deux hommes vont parcourir plusieurs régions, plusieurs pays, pour rendre hommage à Youri et continuer, en quelque sorte, à le faire vivre. Lors de leur périple, rempli de péripéties, Philippe et Mathias pleurent, se disputent même et discutent surtout longuement de la vie, de la mort et de l'amitié. A bicyclette ! est bien plus qu'un film, c'est une aventure humaine qui touche en plein cœur. A l'occasion du festival Cinéroman, nous avions rencontré Mathias Mlekuz et Philippe Rebbot à l'hôtel Negresco. Comme dans le film, ces deux copains nous avaient émus, attendris, amusés.


Philippe Rebbot et Mathias Mlekuz au Negesco festival Cinéroman

Quand vous vous êtes lancés dans ce voyage jusqu'en Turquie, pensiez-vous au film que vous alliez faire ?


Mathias Mlekuz : Ce film, on l'a vraiment fait pour nous. On n'a pas pensé qu'on allait faire un film pour le public. Au début, même, on ne voulait pas faire de film. J'avais proposé à Philippe de faire la route de mon fils. Puis, on a eu la chance d'avoir un peu de financement. Donc, on est allés sur la route, comme ça, pour essayer de retrouver mon fils, sans vraiment de finalité, sans avoir un film en tête.


Philippe Rebbot : Dans mon cas, j'y suis allé en me disant que j'allais consoler mon copain pendant un mois. L'objectif, c'était que Mathias, pendant un mois, pense un peu à autre chose, ou soit un peu consolé d'être là. C'était ça la motivation première. On aurait pu faire plein de trucs pour le consoler. Mais ça, c'était consolatoire. En tout cas, c'est ce qu'on pensait, et ce n'est rien à côté de ce qui nous arrive maintenant.


Mathias Mlekuz : Le public amène une véritable communion, un partage d'émotions qui est extrêmement consolatoire. En fait, empêtré que j'étais dans mon drame, je n'ai pas pensé que la mort était universelle et que les gens pouvaient se retrouver dans le film.


Vous auriez pu faire un film extrêmement triste mais il est souvent joyeux...


Mathias Mlekuz : Tout est improvisé. Je le dis souvent dans le film : Je ne savais pas si j'étais heureux ou malheureux d'être là. C'est un peu ce qui nous a guidés tout au long du chemin. On ne voulait pas partir tête baissée en ne pensant qu'à la mort. C'était aussi, d'une certaine façon, chercher la vie que de faire ce voyage. Et puis, Philippe est très drôle.


Philippe Rebbot : Après, pareil, je pourrais dire ça de Mathias. Il aurait pu être un copain effondré. J'aurais pu passer mon temps à côté de lui pendant des mois et des mois et le regarder pleurer mais ce n'est pas ça qu'il a proposé. Il a dit : « j'ai envie de vivre ». Donc je lui ai dit : «  je vais t'accompagner. Viens, on va vivre autrement, autre chose ». C'est lui qui a été courageux. Je ne sais pas si c'est le mot. C'est une sacrée personnalité. Il ne s'effondre pas, ou en tout cas, il refuse de s'effondrer. Jesurveille tout le temps mon copain pour qu'il ne s'effondre pas.


Dans le film, vous vous disputez aussi. L'amitié, c'est aussi ça...


Mathias Mlekuz : L'amitié, ça peut être fragile. Avec un ami, tu peux t'engueuler. Et puis on se remet vite. C'était quand même pas très grave comme engueulade. Celle qu'on voit dans le film, c'était une engueulade de fatigue et d'alcool. Il me connaît. Il a fallu ça pour qu'on arrive à se dire je t'aime. Je pense à la chanson de Louis Chédid, « On ne dit jamais assez aux gens qu'on aime qu'on les aime ». S'il y a un message dans ce film, c'est celui-là. Dire à ses proches qu'on les aime.


C'était une jolie idée d'avoir préparé un numéro de clown...


Mathias Mlekuz : Elle vient de mon fils. Il était clown. J'ai senti le besoin de me rapprocher de lui. La première chose que j'ai fait, c'est de m'inscrire à un stage de clown. Et à travers le clown, j'étais avec lui. J'ai adoré ça.


Philippe Rebbot : On s'est dit « Faisons du clown dans le film. Allons jouer dans la rue. » On n'en menait pas large. Les gens et surtout les enfants riaient mais on est des clowns de merde. Je dis la vérité ! .


Quel a été le dispositif sur le tournage ?


Mathias Mlekuz : On avait trois techniciens. Deux à l'image et un au son. On avait trois caméras. C'était léger comme dispositif. Pour les scènes en vélo, il y a eu des moments où ils nous suivaient. Ils avaient appareillé deux caméras sur un vélo qui nous précédait. Et il y en avait un qui était sur un autre vélo de dos avec l'ingénieur du son qui pédalait.Ensuite, on avait deux personnes qui assuraient la logistique. C'était eux qui disaient un peu où on allait dormir et tout ça. Mais heureusement qu'ils étaient là parce que sinon nous, on serait décédés à l'heure qu'il est ! En plus, on n'avait pas de plan de travail. Il n'y a aucun décor qui a été choisi avant. On suivait le parcours de mon fils et, en grande partie, on l'a respecté.



Dans votre voyage, votre chien a été un fidèle compagnon...


Mathias Mlekuz : Il est formidable mon chien. Il est habitué à faire du vélo dans Paris. C'est une vedette. Dès qu'on le met derrière le vélo, il est photographié partout.


Philippe Rebbot : Je suis un peu le tonton du chien de Mathias. C'est vrai qu'on lui a fait faire de ces trucs ! Il a vécu avec nous le matin, le soir, la nuit. Il dormait avec nous. On lui a fait faire tout et n'importe quoi !


Bande annonce du film "A bicyclette !"


Qu'est-ce que vous garderez en vous de cette belle aventure ?


Mathais Mlekuz : Ce qu'on trouve là, aujourd'hui, c'est le réconfort à travers les réactions du public à la fin, cette communion à travers les émotions. Parce que c'est vrai que les gens passent du rire aux larmes. J'ai l'impression qu'ils sortent de là comme s'ils avaient été dans une machine à laver. On ne savait pas très bien pourquoi on faisait le film au début. Pour moi, A bicyclette ! n'est pas un film. C'est vraiment arrivé. On en a fait un film mais c'est au-dessus du cinéma.


Philippe Rebbot : Je n'ai jamais considéré que je faisais un film. C'est une espèce de parenthèse dans ma vie. C'est une capsule. J'ai accompagné un copain. Je savais que je le faisais pour être avec Mathias. L'occuper, presque, d'une certaine manière. En tout cas, de mon point de vue, je ne sais pas si c'est un film. En gros, je m'en fous. Mais ça a été un tournage très émouvant aussi parce que ça a amené ces jeunes gars qui nous ont accompagnés à un endroit de réflexion de la vie. Et puis, on vient de comprendre depuis le festival d'Angoulême que le vrai truc, c'est les gens qui viennent parler à Mathias et qui le prennent dans les bras. C'est une expression qui n'est pas de moi, mais on ne va pas laisser l'air se refermer sur l'absence de Youri. Il est là.


A bicyclette ! De Mathias Mlekuz avec Mathias Mlekuz et Philippe Rebbot au cinéma le 26 février.

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