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"Leurs enfants après eux" : rencontre avec l'équipe du film et l'auteur Nicolas Mathieu

Laurence Ray

En 2018, Nicolas Mathieu obtenait le Prix Goncourt avec Leurs enfants après eux. Ludovic et Zoran Boukherma se sont emparés du roman et en ont fait un film dense et visuellement fort, retraçant sur près d'une décennie (les années 90), dans une Lorraine frappée par la désindustrialisation, le parcours de vie d'Anthony, un adolescent un peu perdu, sans but, amoureux d'une jeune fille, qui, n'appartenant pas à la même classe sociale que lui, est vouée à un meilleur avenir. Présenté à la dernière Mostra de Venise, le film est reparti avec une récompense pour Paul Kircher, lauréat du Prix de la Révélation.

Leurs enfants après eux était projeté en ouverture de la 6e édition du Festival Cinéroman de Nice. A cette occasion, nous avons rencontré Paul Kircher mais aussi Ludivine Sagnier qui interprète sa mère dans le film, Ludovic et Zoran Boukherma, les réalisateurs, ainsi que Nicolas Mathieu, l'auteur du roman.


Leurs enfants après eux au festival Cinéroman de Nice
Leurs enfants après eux au festival Cinéroman de Nice

Aviez-vous lu le roman avant que Ludovic et Zoran Boukherma ne vous proposent le scénario ?


Ludivine Sagnier : Oui, je l'avais lu un ou deux ans avant d'entendre parler du projet. J'avais eu un vrai coup de foudre littéraire. J'ai ensuite lu tous les autres livres de Nicolas Mathieu. Je n'en revenais pas qu'on me propose de jouer le rôle de la mère d'Anthony.


En quoi ce personnage vous a touchée ?


Ludivine Sagnier : J'avais l'âge d'Anthony dans les années 90 et ma mère avait l'âge de mon personnage. Je me souviens qu'elle conduisait une Opel Cadet bleue et qu'elle portait des tailleurs avec beaucoup d'épaulettes ! J'ai eu la sensation de faire un voyage dans le temps, à la fois dans mon adolescence et dans la vie de ma mère. Elle vivait dans un milieu moins modeste que celui de mon personnage mais, comme elle, ma mère se battait pour préserver son foyer, avec peu de moyens. C'est quelque chose qui m'a touchée dans le scénario.


Hélène, votre personnage, a renoncé à ses rêves de femme pour sa famille...


Ludivine Sagnier : Hélène est comme beaucoup de femmes. Elle s'est sacrifiée pour réussir son couple et pour sa famille. Elle a fait un choix très amer mais c'est un choix de survie. L'état de patrick lui interdit de réaliser ses rêves. En tant que parent, on est obligé parfois de privilégier le bien-être de ses enfants aux dépens de ses propres désirs. Le couple qu'elle forme avec Patrick est fragile. Le chômage provoque la dépression, des doutes. Et puis, le problème qu'a Patrick avec l'alcool a détérioré leur couple depuis longtemps. Hélène va de l'avant. Dès qu'elle apprend que la moto a été volée, elle met tout en œuvre pour la récupérer. Elle a quelque chose de positif en elle. Contrairement au personnage de Patrick, elle ne se morfond pas mais elle essaie toujours de trouver une solution. C'est un trait de caractère auquel je m'identifie.


Nicolas Mathieu, avez-vous participé à l'adaptation de votre roman ?


Nicolas Mathieu : On m'avait offert la possibilité d'y participer mais je n'ai pas voulu. Tout au long de l'écriture, les réalisateurs m'ont téléphoné. J'étais plutôt optimiste !


Zoran et Ludovic, vous sentez-vous proches d'Anthony et des autres jeunes personnages du livre et du film ?


Zoran Boukherma : On n'a pas grandi dans l'Est de la France comme eux mais plutôt dans le Sud-Ouest. Comme Anthony, on a été élevés dans la France périphérique, dans un milieu social qui est très similaire à celui d'Anthony. On n'est pas exactement de la même génération que lui puisqu'on est nés en 1992 mais on s'est beaucoup retrouvés dans cette histoire et on s'est reconnus dans le manque de perspectives qu'on peut avoir quand on a grandi dans cette France-là.


Ludovic Boukherma : Nos films précédents étaient des scénarios originaux. C'est la première fois qu'on faisait une adaptation. En lisant le livre, on s'est dit que ce serait peut-être notre film le plus personnel parce qu'Anthony nous ressemble beaucoup. On avait l'impression de mettre beaucoup de nous dans cette histoire. On a aussi mis beaucoup de nos propres parents dans la façon dont on a décrit Hélène et patrick, les parents d'Anthony.


Bande annonce officielle du Film "Leurs enfants après eux"


Comment est né le projet d'adapter ce roman de Nicolas Mathieu ?


Ludovic Boukherma : Tout est parti de Gilles Lellouche. Au départ, il nous a proposé de co-écrire avec lui ce qui devait être une série adaptée du roman. Puis, il s'est consacré à « L'amour ouf ». Il avait donc peu de temps pour le projet. Comme on avait eu un gros coup de cœur pour le livre, on s'y est attelé et, en discutant avec les producteurs, on a convenu que ce serait mieux d'en faire un film de cinéma.


Qu'est-ce qui vous avait plu dans ce roman ?


Ludovic Boukherma : Ce qu'on a adoré, c'est que le fait que ce soit un livre social, qui parle des classes sociales dans lesquelles ont est enfermé. Le propos est assez dur mais en même temps il y a beaucoup de lumière. On a essayé de conserver cet esprit dans le film. On voulait qu'il ait une dimension sociale mais qu'il soit aussi une grande œuvre populaire.


Vous avez conservé dans le film l'importance de la musique...


Zoran Boukherma : On entend presque la musique en lisant le livre ! D'ailleurs, c'était l'un des enjeux du film. On savait dès le début que ce serait un film très musical. On ne voulait pas fétichiser une époque. On voulait que le film, à l'image des ados qui portent l'histoire, aient une espèce de fougue et soit généreux. La trame du film, c'est cette histoire d'amour manquée... Grandir pour Anthony, c'est réaliser qu'ils n'appartiennent pas au même monde : lui va rester mais elle, elle va partir. On voulait que le film ait un souffle romanesque. La musique y contribue.


Leurs enfants après eux de Zoran et Ludovic Boukherma avec Paul Kircher, Ludivine Sagnier, Gilles Lellouche....au cinéma le 4 décembre.

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