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L'Hiraeth, une esthétique de l'effacement : interview de Loïc Guénin

Laurence Ray

Dans le cadre du Festival Trajectoires, le théâtre de Grasse (le 6 février) et le Forum Jacques Prévert de Carros (le 8 février) accueilleront L'Hiraeth, une esthétique de l'effacement. Entourés de trois musiciennes, Arthur H, Loïc Guénin et Eric Brochard invitent les spectateurs à un voyage musical qui les conduiront dans des paysages imaginaires et magiques. La première de L'Hiraeth aura lieu dans quelques jours au ZEF, la scène nationale de Marseille. Nous avons demandé à Loïc Guénin, qui a composé la musique de nous présenter ce spectacle original, qui s'annonce comme l'un des temps forts du Festival Trajectoires.


Le titre L'Hiraeth interpelle. Ce mot existe-t-il ou est-ce un néologisme ?


Loïc Guénin : C'est un mot qui existe, mais qui n'a pas de traduction directe en français. C'est plutôt un concept philosophique. Ce mot vient du gallois. Il traduit ce sentiment qu'on peut avoir pour un lieu, une personne, un moment, ou même un objet qu'on a connu, mais dont on sait qu'on ne pourra plus le retrouver soit parce qu'il a disparu, soit parce qu'il a changé, évolué. On est dans une période où les paysages changent très vite, avec la transition écologique, le réchauffement climatique. En ce moment, on est forcément toutes et tous confrontés à des paysages qu'on a connus et qui ne sont plus les mêmes qu'il y a quatre ou cinq ans par exemple. Du coup, il faut qu'on s'habitue à ce sentiment un peu particulier, qu'on découvre très régulièrement et qu'on connaîtra de plus en plus.


Vous avez composé la musique du spectacle. C'est Arthur H qui a écrit le texte...


Loïc Guénin : J'ai commandé le texte à Arthur H. Il a écrit sur ce concept de l'Hiraeth en s'inspirant de l'histoire d'un mousse qui s'appelait Narcisse Pelletier, et qui avait vécu, selon lui, plusieurs fois l'Hiraeth. Il avait été embarqué sur un bateau très jeune et avait été élevé dans une autre culture. Puis, il avait été ramené dans sa culture d'origine. Cette histoire a été pour Arthur H une inspiration pour aborder ce thème. 


L'Hiraeth est un spectacle musical. A quoi peut s'attendre le public en allant le voir ?


Loïc Guénin : C'est une spectacle qui croise des univers esthétiques très différents. Sur scène, il y a un trio à cordes féminin (alto, violoncelle et violon) qui vient plutôt des musiques classiques et baroques. Arthur H, lui, vient plutôt des musiques pop-rock et de la chanson. Quant à moi, je compose de la musique contemporaine.  Donc sur scène, ces trois univers s'interpénètrent. J'ai écrit vraiment en essayant de les utiliser toutes et tous pour leurs talents et leurs compétences. Du coup, ça donne un objet artistique assez singulier. Même si on est dans des musiques de création, on est quand même très proches de la chanson. L'histoire se déroule à travers des petits moments singuliers de musique et de texte. Il y a dix tableaux. La scénographie est très singulière. Je travaille avec les photographies de Julien Lombardi. Il a réalisé plusieurs clichés de séries de paysages qui m'ont particulièrement touché et qui, pour moi, faisaient écho à ce sujet. On a tiré en grand format ces images et elles arrivent peu à peu dans l'histoire. Au départ, il n'y a rien sur le plateau, puis peu à peu, elles viennent l'habiller et créer comme une sorte de paysage. Ces images agissent presque comme des écrans. Elles sont très grandes et elles sont éclairées, ce qui fait qu'elles permettent de créer des imaginaires assez singuliers.


Avec ce spectacle, vous embarquez donc le public dans un voyage poétique, imaginaire mais aussi initiatique ...


Loïc Guénin : Exactement ! On est dans quelque chose où chacun et chacune va un peu se faire son histoire au-delà de ce qui est raconté par Arthur. Ca passe par l'incarnation des personnages, par la musique qui a une grande place.C'est avant tout un spectacle musical. Les images, la scénographie et la lumière vont emporter un peu les spectateurs dans une aventure. C'est un peu du cinéma pour les oreilles !


Est-ce qu'il y a des spectacles, des films, des univers qui vous ont inspiré pour ce spectacle ?


Loïc Guénin : On peut dire qu'effectivement, il y a des choses qui viennent et qui sont là dans mon background. Un peu comme tous les artistes. En tout cas, pour l'univers visuel, je parlerais de David Lynch. Je pense qu'on est vraiment dans cet endroit-là où le réel et l'imaginaire se mêlent. Et ça, ça me plaît beaucoup. Pour la musique, on peut peut-être parler de Kaija Saariaho, par exemple, ou de Kim Gordon, qui sont plutôt des univers d'une musique qui n'a pas vraiment de frontières et qui est complètement hybride.


Pour ce spectacle, vous avez fait appel à Arthur H. Vous le connaissez depuis longtemps ?


Loïc Guénin : On travaille ensemble depuis un petit moment. Il se trouve qu'il est venu enregistrer son dernier album chez nous (la compagnie Le Phare à Lucioles), à Sault, près du Mont Ventoux.

C'était il y a deux ans. Il est venu passer trois semaines pour écrire, travailler. De là est partie l'idée et l'envie de faire de travailler ensemble. C'est une chouette aventure. Avec ce spectacle, Arthur prend un peu des risques, en allant à un endroit où on n'a pas l'habitude de le voir.


L'Hiraeth, une esthétique de l'effacement, Loïc Guénin, Arthur H, Cie Le Phare à lucioles, au Théâtre de Grasse le 6 février et au Forum Jacques Prévert de Carros le 8 février.


Loïc Guénin et Arthur H L'Hiraeth

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