Dans Brûle le sang, le premier, long-métrage de Akaki Popkhadze, Florent Hill et Nicolas Duvauchelle sont deux frères au tempérament et au parcours bien différents. Le premier vit à Nice avec ses parents et se destine à devenir prêtre orthodoxe. Quant à l'autre, l'aîné, il est de retour après plusieurs années d'absence, bien décidé à venger son père que l'on vient d'assassiner.
Nous avons rencontré les deux comédiens lors de l'avant-première niçoise du film. Très complices, ils nous ont parlé de leurs personnages et de leurs relations sur le tournage. Si Nicolas Duvauchelle commence à bien connaître Nice après plusieurs tournages dans la région, Florent Hill, lui, a grandi dans la capitale azuréenne. C'est d'ailleurs dans un cours de judo qu'il a rencontré Akaki Popkhadze. Devenus amis, ce dernier l'a fait jouer dans l'un de ses courts-métrages puis lui a proposé de co-écrire Brûle le sang et d'interpréter le rôle de Tristan, le fils cadet de la famille. Une belle aventure dont ils nous ont parlé au Pathé Gare du Sud, quelques jours avant la sortie du film.

Florent, depuis quand connaissez-vous Akaki Popkhadze ?
Florent Hill : On s'est rencontrés au club Nice Judo Alliance. On avait treize ans. On était ensemble aussi au lycée. Après, on s'est un peu perdus de vue. Puis, un jour, il m'a contacté pour jouer dans son court-métrage de fin d'études en 2016. Après, on ne s'est plus lâchés !
Vous êtes co-auteur du film. Comment s'est déroulé le travail d'écriture ?
Florent Hill : Au début, on s'est calqués sur l'histoire personnelle d'Akaki puis, peu à peu, il m'a laissé ma place de co-auteur. Pour la scène où on me rase la tête, je me suis inspiré de ma propre histoire : mon père nous rasait la tête à mes frères et à moi quand on était petits. On avait des têtes de prisonniers !
Dans la mesure où vous étiez co-scénariste du film, vous n'avez pas hésité à tenir aussi l'un des rôles principaux ?
Florent Hill : J'avoue que c'était dans un coin de ma tête ! En le co-écrivant, je voyais le personnage et comment le film avançait. Ca devenait très excitant. A partir du moment où les producteurs ont dit que pour le rôle de Tristant il n'était pas nécessaire d'avoir un acteur connu, je n'avais qu'une envie : c'était de le faire ! Il y a eu un casting. Je devais faire l'effort d'établir des compartiments dans ma tête, en oubliant que j'étais co-auteur pour me mettre au service d'Akaki. Quand on m'a dit que je serais Tristan, j'ai senti la pression monter. C'était à ce moment-là que tout allait vraiment commencer ! Akaki a été très exigeant avec moi pour préparer le personnage. Il m'a demandé de me muscler et de prendre du poids. Il fallait que le personnage ait une sorte d'armure corporelle. J'ai pris 25 kilos pour le film ! J'ai réussi à les perdre. Pour moi, le film a été une aventure qui a duré un an et demie !
Nicolas, ce n'est pas la première fois que vous jouez dans un premier film. Pourquoi avez-vous fait confiance à Akaki Popkhadze pour son premier long-métrage ?
Nicolas Duvauchelle : J'ai reçu le scénario avant de rencontrer Akaki et Florent. A la lecture, j'ai beaucoup aimé mon personnage. J'adore les personnages de films noirs ! Après, j'ai rencontré Akaki et Florent. J'aimais beaucoup leur énergie. Dans les premiers films, il y a toujours une authenticité et une vérité qu'on trouve rarement dans les films qui suivent.
Akaki filme de façon peu habituelle, en étant très près des visages des comédiens. Cela n'était pas trop déstabilisant ?
Nicolas Duvauchelle : La caméra était vraiment très proche, à quelques centimètres mais j'aimais bien parce qu'on avait l'impression qu'Akaki était vraiment avec nous. J'ai regardé plusieurs fois au combo ce que ça donnait et j'avoue que c'était assez bluffant. J'aimais bien parce que cette manière de filmer englobe tous les personnages présents dans une scène.
Vous interprétez deux frères très différents. Comment avez-vous construit cette relation ?
Nicolas Duvauchelle : Ca a été très simple. Quand j'ai rencontré Florent, ça a été immédiat. Il n'y avait pas d'ego entre nous. Ce qui était important, c'était le ressenti qu'on avait tous les deux pendant chaque scène. Quand on sent qu'il se passe quelque chose, c'est vraiment ce que j'aime au cinéma. Notre entente n'était pas feinte. Elle était naturelle ; on ne s'est pas forcés.
Florent Hill : Nicolas Duvauchelle était un acteur que j'admirais. Il a été pour moi un grand frère de cinéma, à la première seconde où je l'ai rencontré sur le plateau. Il a été là en tant que partenaire mais aussi en tant qu'acteur qui a de l'expérience et qui encourage à prendre confiance en soi. Dans le film, il y a une scène où on s'affronte. Il m'a beaucoup aidé.
Nicolas, votre personnage revient après plusieurs années d'absence. Il est tiraillé entre le bien et le mal...
Nicolas Duvauchelle : Au moment où il est en quête de rédemption, il va entraîner son frère malgré lui vers le mal. On ne connaît pas son passé. Il a fait des conneries et on sait qu'il est parti pour ça. Quand il revient, il est un peu le fils prodigue. La religion a une place importante dans le film. Je suis croyant. Il y avait quelque chose de christique qui me plaisait dans le film. J'ai pu découvrir l'orthodoxie chétienne. Les églises sont magnifiques. Dans le film, lorsque la mère d'Akaki chantait avec les choeurs dans l'église : j'en avais des frissons. Quand j'y pense, j'en ai la chair de poule ! J'ai aussi beaucoup apprécié l'entraide qu'il y a dans leur communauté. C'est un peu ce que je retrouve quand je vais en province. Il y a un côté plus humain et plus sincère qu'à Paris.
Vous connaissiez Nice avant de tourner « Brûle le sang »...
Nicolas Duvauchelle : Oui, j'avais tourné pendant la Covid et il y avait le couvre-feu. On devait manger seul dans sa chambre d'hôtel le soir. C'était glauque ! Avec le film d'Akaki, j'ai pu enfin découvrir Nice. La mer, la lumière, c'était fabuleux ! C'était vraiment plaisant de tourner ici.
Comments