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Les Livres de la Promenade : une nouvelle maison d'édition voit le jour à Nice

  • Laurence Ray
  • 7 avr.
  • 6 min de lecture

Une maison d'édition qui voit le jour, c'est forcément une bonne nouvelle. Encore plus si elle niçoise ! Après des années dans le journalisme, Sophie et Christophe Thoreau viennent de lancer Les Livres de la Promenade, une maison d'édition qui s'est fixé comme objectif de publier quatre livres par an. C'est Laurent Sagalovitsch qui donnera le coup d'envoi le 10 avril avec Joue-la comme Godard, un livre qui parle de tennis et de cinéma avec humour.

Nous avons demandé à Christophe Thoreau de nous parler de sa toute jeune maison d'édition et des quatre ouvrages à paraître cette année. Une aventure placée sous le signe de la passion et du hasard qui fait souvent bien les choses.


Vous avez créé Les Livres de la Promenade avec votre épouse, Sophie. Vous êtes journalistes tous les deux et passionnés de littérature. Comment est né ce projet ?


Christophe Thoreau : Mon épouse a travaillé plus d'une vingtaine d'années à RTL, où elle a notamment présenté les matinales dans les années 90-2000. Quant à moi, j'ai été longtemps journaliste dans le milieu du tennis, avec Tennis Magazine. J'ai aussi travaillé à la direction de la communication de Roland-Garros puis après, j'ai repris une vie de journaliste indépendant. On a toujours été de grands lecteurs tous les deux et on a aussi été amenés à écrire. On a publié sur différentes thématiques plusieurs livres. Et puis, au bout d'un moment, on a eu envie de tout envoyer balader et on a déménagé en Provence, dans le Luberon, plus précisément dansle village de Bonnieux. A force de venir le week-end, l'endroit nous a plu et on a eu envie de changer de vie et on s'y est installés. On a quitté nos boulots respectifs. Et puis est venue l'idée de monter un festival littéraire avec l'envie de mettre en avant les auteurs. On invitait 5-6 auteurs qu'on cajolait pendant 3 jours. La majorité des auteurs qu'on a reçus sont devenus des amis. L'idée, c'était que ce festival soit petit mais joli. Ca a duré 3 ans, de 2015 à 2017. Cette expérience nous a mis un pied supplémentaire dans le milieu littéraire. Les circonstances de la vie ont fait qu'ensuite, on est partis à l'étranger, au Canada, pendant cinq ans. On a commencé à travailler sur l'idée de fonder notre maison d'éditions lors de notre dernière année à Vancouver, avec toujours cette même philosophie : extrêmement bien traiter nos auteurs, travailler les textes, faire petit mais joli.


Pour la première année de leur existence, Les Livres de la Promenade vont publier quatre livres. Vous avez cette volonté de bien entourer les auteurs que vous avez choisis...


Christophe Thoreau : On a à cœur de prendre le temps, de bien entourer nos auteurs, de bien les défendre. Dans tous les échanges qu'on a pu avoir avec des auteurs, beaucoup nous ont dit qu'ils se trouvaient un peu délaissés par leur maison d'édition parce qu'ils sont au milieu de beaucoup d'auteurs différents et qu'ils n'ont peut-être pas l'attention qu'ils attendraient de leur éditeur. Et donc c'est exactement l'inverse qu'on veut faire. On veut être avec eux vraiment le plus longtemps possible, prendre du temps pour travailler le texte avec eux, et ensuite pour défendre leur texte auprès des médias, trouver des places dans les salons.. Pour notre première année, on a eu beaucoup de chance avec ces quatre livres. Ils ne nous sont pas tombés du ciel mais presque ! La pompe est amorcée. On a déjà deux, voire trois livres pour l'année prochaine. D'ailleurs, l'auteur Christophe Donner va nous rejoindre. Il était chez Grasset et il a quand même une vingtaine de livres derrière lui. C'est un ami. On se connaît depuis longtemps. Il m'a appelé dernièrement et m'a dit : « Écoute, Christophe, j'ai vu que tu montais ta boutique, j'ai un texte à te proposer. Si ce que j'ai écrit te plaît, je le fais avec toi ! ». Donc il m'a envoyé son texte, ça nous a plu, et donc on va éditer Christophe Donner l'an prochain. Sa démarche colle complètement à la philosophie qu'on a. On peut dire que c'est un alignement des planètes !



Le 10 avril sort le premier livre publié par les Livres de la Promenade, Joue-la comme Godard de Laurent Sagalovitsch...


Christophe Thoreau : C'est là aussi une belle histoire. Laurent Sagalovitsch, hasard de la vie, vivait à Vancouver, comme nous. On s'est rencontrés là-bas. Il avait eu un prix pour l'un de ses précédents livres, Le temps des orphelins et l'Express m'avait proposé de l'interviewer. On s'est rencontrés et on est devenus des copains. Autre hasard de la vie, on est rentrés en France au même moment, à savoir l'an dernier. On s'est vus et je lui ai dit que je lançais ma maison d'édition. Je lui ai raconté ce que j'avais vécu avec Jean-Luc Godard quand je travaillais à Roland-Garros. Tous les ans quasiment, son entourage nous contactait parce qu'il voulait filmer Roland-Garros. Ca ne s'est jamais fait, parce que c'était extrêmement compliqué et qu'il avait des exigences intenables. Son idée était de prendre au hasard un joueur dans les qualifications, de ne filmer que ce joueur, et d'oublier le reste du tournoi. Si le joueur gagnait son premier match, on continuait de le suivre. S'il perdait, on ne suivait que le joueur qui venait de le battre. Et on aurait avancé comme ça dans le tournoi, en oubliant complètement le reste, en sachant que, au fil des tours, on se serait retrouvé, à un moment donné, face au meilleur joueur. J'ai raconté à Laurent cette histoire, et je lui ai demandé s'il ne voulait pas s'en emparer, pour en faire un livre ! Il a pu couvrir Roland-Garros l'an dernier et il s'est mis à écrire ! Le résultat, c'est un livre très rigolo, qui parle évidemment de tennis mais aussi de cinéma et d'art. Laurent Sagalovitsch se met souvent en scène dans ses bouquins. Il parle donc aussi de lui dans Joue-la comme Godard, mais avec plein d'autodérision. C'est à la fois drôle et érudit. Il n'y a pas besoin d'être passionné de tennis pour le lire.


Joue-la comme Godard Laurent Sagalovitsch

Nuit noire de Michaël Guittard, qui paraîtra en juin, est très différent...


Christophe Thoreau : Il se trouve que Roland-Garros est encore concerné ! Michaël est un ancien salarié de Roland-Garros, comme moi. Un jour, alors que j'étais vraiment au début de la création de la maison d'éditions, je traînais sur internet. Je suis alors tombé sur un certain Mickaël Guittart qui venait d'auto-publier son premier roman. Cette information m'a interpelé. Je l'ai appelé pour être sûr qu'il s'agissait bien de lui. Non seulement il avait travaillé à Roland-Garros mais en plus, il avait entamé une formation de libraire. Je lui ai proposé de m'envoyer ce qu'il avait écrit. C'était Nuit noire. C'est le premier tome d'une quadrilogie dont le héros est un librairie qui s'appelle Hector Valand. L'histoire se déroule avant la Première Guerre mondiale. Hector est un libraire le jour et voleur de livres rares la nuit. C'est un roman grand public, page turner, mais aussi un peu érudit. On a beaucoup aimé Nuit noire. Et si ça marche, on en a trois autres derrière. C'est formidable.


Nuit noire Michael Guittard

En août,il y aura Le dernier entretien et autres conversations de Joan Didion dans une traduction de Brice Matthieussent...


Christophe Thoreau : Là aussi le hasard a joué un grand rôle. Quand vous vivez à Vancouver et que vous êtes frontalier des Etats-Unis, vous allez souvent aux Etats-Unis évidemment. Un jour, alors qu'on attendait un avion, on a découvert dans la librairie de l'aéroport des livres d'entretiens de Joan Didion. C'était une collection montée par un éditeur indépendant américain. J'ai toujours beaucoup aimé Joan Didion. J'ai alors eu envie de chercher sur internet si un éditeur français avait déjà acheté les droits. Mais je cherche et je ne vois pas. Donc, j'appelle l'éditeur américain qui me confirme qu'aucun éditeur français ne l'a fait. On leur a donc acheté les droits de traduction. Et on l'a fait traduire par Brice Mathieussent qui est une des figures de la traduction en France. On l'avait rencontré via notre festival à Bonnieux. Comme il est aussi romancier, on l'avait invité. En août, sort donc ce bouquin de Joan Didion qui est une compilation d'interviews où elle explique tout son travail. Il y a notamment la dernière interview qu'elle a donnée 3 ou 4 ans avant son décès. Là encore, les planètes se sont joliment alignées parce que c'est assez improbable qu'une petite maison comme la nôtre puisse se retrouver à publier un bouquin avec en tête Joan Didion.


Joan Didion

Et le dernier livre, publié en novembre, est écrit par un Niçois et parle de Maradona...


Christophe Thoreau : Quand j'étais adolescent, j'étais passionné de foot et de tennis. Bernard Morlino était dans mon panthéon des journalistes de sport. J'ai dit à Laurent Sagalovitsch que je voulais contacter Bernard Morlino parce que j'avais envie de travailler avec lui. Il m'a répondu que c'était l'un de ses amis. Il lui a parlé de moi et un jour Bernard Morlino m'a téléphoné. On s'est entendus et donc on va éditer en novembre Il était une foi Maradona qui est une ode à Maradona assez étonnante. Il a un tel degré d'implication qu'il avait écrit mille pages. A partir du moment où Maradona est mort, il a écrit tous les jours pendant neuf mois. Mille pages, c'était trop. On a réduit le livre à près de 400 pages !


Il était une foi Maradona Bernard Marlino

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